La culture classique et la connaissance de l’histoire était autrefois l’apanage du parfait gentleman. Jean Warin, graveur des rois de France, initia le jeune Louis XIV à la beauté de la numismatique et à la collection de monnaies prestigieuses.
Aujourd’hui, si les monarques ont cédé la place aux collectionneurs, aux humanistes et aux amateurs d’art, les monnaies conservent toujours leur charme enchanteur et leur aura de mystère. Elles nous dévoilent les croyances anciennes et offrent une iconographie riche et variée. Les amateurs seront séduits par la variété de portraits d’hommes et de femmes illustres, les représentations de divinités, d’animaux ou de monuments.
En collectionnant et en étudiant les monnaies, les passionnés de numismatique transmettent et préservent l’héritage des grandes personnalités qui ont fait notre monde. Réunir une collection numismatique, c’est entreprendre un voyage à travers le temps, une exploration artistique et historique immortalisée par les maîtres du passé.
Les premières émissions monétaires virent le jour en Asie Mineure (Turquie actuelle), vers 650 av. J.-C. et se présentaient sous forme de globules d’électrum (mélange d’argent et d’or). C’est le dernier roi de Lydie, Crésus (vers 560-546 avant J.-C.) qui fut le premier à séparer les deux métaux et à frapper des pièces d’argent et d’or introduisant ainsi le bimétallisme.
La meilleure période du monnayage des cités grecques se situe entre 500 et 350 avant J.-C., lorsque les artistes ont créé les plus belles monnaies jamais réalisées, si belles que certains empereurs romains, quelques centaines d’années plus tard, ont commencé à les collectionner.
La plupart des pièces grecques représentent des divinités, des héros, ou des animaux, symboles des cités (la chouette pour Athènes, le crabe pour Agrigente…).
La monnaie de type grec se répandit de l’Afrique du Nord à l’Inde suite aux conquêtes d’Alexandre le Grand (336-323 avant J.-C.) et si le conquérant ne céda pas à la tentation de se faire représenter sur ses monnaies, ses successeurs n’eurent pas ce scrupule. Ses généraux créèrent des dynasties dont certains membres ne nous sont connus que par leurs monnaies.
La quasi-totalité des monnaies grecques ont été gravées dans l’anonymat par des artistes de génie. Dès lors, combien nous sont précieuses les rares œuvres signées par les graveurs de Syracuse, Kimon, Eukleidas et Evainetos, véritables figures emblématiques de l’histoire de la monnaie !
Les premières monnaies à circuler dans le monde celte sont celles de Philippe II de Macédoine (359-336 avant J.-C.) et de ses successeurs. Les premiers graveurs celtes s’en inspirèrent avant de créer librement des motifs complexes, comprenant des formes géométriques, des entrelacs et des spirales. Ces motifs, puisant leur inspiration dans la nature et la mythologie celte, témoignent d’un sens esthétique raffiné et d’une riche tradition culturelle. Grâce aux monnaies, l’art celte fut redécouvert au milieu du XXème siècle et influença profondément l’art moderne, notamment pictural.
Picasso, notamment dans ses œuvres cubistes, utilisait lui aussi des symboles puissants et des formes simplifiées à l’extrême pour exprimer des idées complexes, représentant des figures humaines ou des objets du quotidien métamorphosés. Il est intéressant de tracer des parallèles entre les œuvres de grands artistes comme lui et l’art celte, notamment en ce qui concerne l’aptitude à représenter des images complexes dans un espace réduit et à transformer les formes conventionnelles pour explorer de nouvelles perspectives artistiques.
La monnaie romaine remonte au tout début du IIIe siècle avant notre ère. Fortement influencée par la monnaie grecque dans un premier temps, elle s’en distancie en 211 avant J.-C. avec la création du denier d’argent qui marquera profondément l’histoire monétaire de l’occident durant des siècles. Durant la république, les motifs représentés ont principalement trait à la mythologie et aux événements marquants, telle que la conquête des Gaules par Jules César, par exemple.
Dès le règne d’Auguste (27 avant J.-C. – 14 après J.-C.), le monnayage devient impérial. Avant l’apparition des médias modernes, les monnaies représentent un incontournable vecteur d’information, car elles circulent à travers tout l’empire et même bien au-delà de ses frontières, comme en témoignent les nombreuses monnaies romaines retrouvées en Inde.
Outil de propagande, la monnaie se fait l’écho des victoires et des réalisations de l’empereur (grands chantiers, organisation des jeux du cirque et des courses de chars, distribution de blé). Celui-ci associe fréquemment les membres de sa famille sur ses monnaies afin de consolider sa dynastie. A travers cette immense galerie de portraits, c’est également tout un univers de coiffures élaborées et de modes féminines qui s’offrent à nos yeux.
Nées au cours du premier siècle de l’Hégire, les monnaies islamiques sont connues pour leur utilisation remarquable de la calligraphie, leur stabilité de poids et leur qualité exceptionnelle qui en ont fait l’outil commercial privilégié des marchands de l’Asie centrale à l’océan Atlantique.
Elles reflètent non seulement les valeurs culturelles et religieuses de l’Islam, mais aussi l’importance accordée à l’esthétique et à la beauté des inscriptions. Cette pratique a influencé l’ornementation en Occident, en introduisant l’art des arabesques et des compositions complexes dans l’architecture, la décoration et les arts appliqués. Ce mouvement atteindra son point culminant avec les orientalistes du XIXème siècle.
Le moyen-âge commence avec la chute de l’Empire romain (476 après J.-C.), accompagnée d’un déclin économique et d’une pénurie de métal précieux. L’empereur Charlemagne (800-814 après J.-C.) effectue une réforme en profondeur du système monétaire et crée un denier d’argent de qualité qui influencera le monnayage européen bien au-delà des frontières de l’empire carolingien.
Il faut cependant attendre le XIIIe siècle et l’essor considérable du commerce en Méditerranée pour voir réapparaître des monnaies en or et de plus grandes monnaies d’argent. Les premières à reprendre la frappe de l’or seront les riches cités marchandes de l’Italie (Florence, Venise, Gênes), bientôt suivies par la France et le reste de l’Europe. Les monarques européens se lancent alors dans l’émission de monnaies de plus en plus prestigieuses qui ne sont pas sans rappeler les plus grands chefs-d’œuvre gothiques de l’époque.
Au cours du XVe siècle, d’importantes réformes philosophiques, politiques et monétaires ont lieu en Europe. Un retour au « culte de la beauté » est perceptible dans tous les domaines de l’art, y compris dans la conception de la monnaie. La première grande pièce d’argent, le taler, est frappée en Autriche en 1486.
Le taler aura une influence considérable sur le monnayage de tous les pays européens. En plus de sa diffusion à travers le continent, il devient un modèle pour la frappe des monnaies dans d’autres parties du monde. Le taler est ainsi à l’origine de nombreuses pièces de monnaie des XVIIe et XVIIIe siècles, telles que la couronne anglaise, le daler norvégien, le rouble russe, le ducat hollandais et le dollar américain.
La découverte du Nouveau Monde en 1492 provoque également un afflux de métaux précieux en Europe, permettant ainsi aux différents monarques et princes de la Renaissance de laisser libre cours à leur goût du luxe et du prestige. Cette tendance se traduit également par l’usage de plus en plus fréquent de frapper des médailles destinées à être offertes aux hauts dignitaires et aux invités de marque.
La taille des nouvelles monnaies permet à l’artiste d’utiliser une plus grande surface et, par conséquent, de soigner davantage les détails. Dürer, Benvenuto Cellini et Pisanello figurent parmi les artistes célèbres qui ont gravé des coins monétaires.
Peu à peu la monnaie devient nationale, bien que de nombreuses villes et régions conservent leur indépendance dans ce domaine. C’est notamment le cas en Suisse, chaque canton émettant sa propre monnaie jusqu’en 1850, date à laquelle les premières pièces fédérales sont émises.
Par ailleurs, l’usage du papier monnaie se répand progressivement en Europe dès le XVIIe siècle, procurant un nouveau support à l’iconographie d’un Occident en plein développement économique et social. Aux pièces émises par les états indépendants s’ajoutent encore celles de leurs colonies, ce qui offre un vaste terrain de recherches aux amateurs d’histoire et d’exotisme.
Notre équipe d’experts vous conseillera volontiers sur l’achat et la vente de pièces de monnaie,
et vous donnera des conseils pour conserver votre collection en parfait état.